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J’écris parce que, quand j’étais adolescent, je ne jouais pas bien au football, je n’avais pas de voiture, je n’avais pas une bonne pension, je n’avais pas de muscles [...].
Je ne portais pas non plus de vêtements à la mode. Les filles de ma bande ne s’intéressaient qu’à cela, et elles ne faisaient pas attention à moi. Le soir, quand mes amis étaient avec leurs petites copines, je profitais de mon temps libre pour m’inventer un monde où je puisse être heureux : mes compagnons, c’était les écrivains et leurs livres. Un beau jour, j’ai écrit un poème pour une fille de ma rue. Un ami l’a trouvé dans ma chambre, l’a volé, et quand nous étions tous réunis, il l’a montré à toute la bande. Ils ont tous ri, ils ont tous trouvé cela ridicule – j’étais amoureux !
La fille à qui j’avais dédié le poème n’a pas ri. Le lendemain après-midi, quand nous sommes allés au théâtre, elle s’est arrangée pour s’asseoir à côté de moi et elle m’a pris la main. Nous sommes partis main dans la main : moi qui étais laid, fragile, qui n’étais pas habitué à la mode, j’étais avec la fille la plus convoitée de la bande [...].
Tout cela à cause d’un poème [...]. Un poème m’a fait comprendre qu’en écrivant, en montrant mon monde invisible, je pouvais rivaliser à forces égales avec le monde visible de mes amis : la force physique, les vêtements à la mode, les voitures, la supériorité au sport.
Paulo Coelho, "Le Zahir".